Le climat économique dans lequel nous vivons, place de plus en plus d’entreprises dans des situations de difficulté économique. Face à cela, la seule possibilité qui s’offre à eux est parfois la restructuration d’entreprise. La restructuration de société peut également intervenir dans un objectif d’évolution au sein d’un secteur, elle peut par exemple résulter d’une réorientation stratégique, de l’unification de plusieurs services (à l’issue d’une opération de fusion-acquisition), … Ses principaux instruments sont ainsi la transformation, la fusion, la scission et l’apport partiel. Cette tâche délicate implique donc un investissement considérable de la part de l’employeur mais également des salariés.
Nous verrons quelles sont les dix erreurs à ne pas commettre dans le cadre de la restructuration de société.
Minimiser les signes de détérioration
L’idée d’avoir à restructurer son entreprise n’est pas toujours facile à accepter pour le dirigeant. Cependant il faut savoir que plus il tardera à mettre en œuvre les mesures nécessaires, plus la restructuration risque d’être éprouvante pour la société. Il faut donc être attentif aux signes de détérioration tel que la baisse des ventes, de la rentabilité, aux retours qualité, à la concurrence, à la perte confiance des clients, fournisseurs, actionnaires, …
Le dirigeant doit donc rapidement réagir et garder à l’esprit que retarder la restructuration est une réelle perte pour sa société. Cependant il ne doit pas agir dans la précipitation car un changement trop brutal serait également néfaste pour la société.
Ne prendre en compte l’environnement économique
La crise économique ainsi que l’évolution technologique guident les choix des consommateurs et chaque entreprise, jeune ou ancienne doit, afin de rester compétitive et de se maintenir sur le marché, prendre en considération ces facteurs. Souvent, d’ailleurs, ces facteurs externes à l’entreprises sont à l’origine de ses difficultés, c’est pourquoi la restructuration de la société doit intervenir dans ces domaines. La restructuration va donc permettre à la société de s’adapter à cet environnement et mieux envisager les futures évolutions.
Avoir une vision globale du marché ainsi que de l’organisation et du fonctionnement de la société permet ainsi une restructuration plus efficace.
Ne pas formuler de feuille de route
Une restructuration réussie passe nécessairement par la conception d’un business plan, il permet de se poser les bonnes questions. En effet celui-ci permet de bien construire le projet en anticipant les risques et faiblesses qui pourraient se présenter au cours des opérations mais pour cela il faut avoir une vision générale de l’organisation de l’entreprise et de son fonctionnement. Plusieurs critères doivent être pris en compte : l’endettement financier, la rentabilité et la marge brut. Tout cela va permettre de justifier auprès des partenaires financier le besoin de financement.
Il faut toutefois faire attention lors de sa rédaction : la prudence et le réalisme doivent être mis en avant mais il faut également montrer de l’ambition. Trouver le juste équilibre n’est donc pas toujours très évident, d’autant plus que chaque chiffre contenu dans la feuille de route doit pouvoir être expliqué et argumenté.
Faire preuve de réticences face au changement
Bien que la restructuration d’entreprise ne mène pas forcément à un changement de modèle économique, le dirigeant doit accepter de faire des concessions et de voir son entreprise changer car l’objectif principal reste de la sauver.
De fait, il devra alors remettre en question le fonctionnement ainsi que l’organisation de sa société afin de comprendre l’origine des difficultés qu’elle rencontre. Cela peut aussi bien venir de l’évolution du marché, avec une modification des attentes des clients, que de l’organisation même de la société.
Le dirigeant doit prendre en compte ce déséquilibre afin d’y remédier durablement.
Renouveler l’équipe en négligeant les objectifs fixés
La restructuration de société implique une réduction des charges sociales et cela va souvent de pair avec une diminution de l’effectif. Cette étape est très délicate puisqu’il va falloir remanier l’organisation de la société afin de répondre aux objectifs fixés par le business plan. Cela implique généralement de renouveler l’équipe et garder uniquement les compétences nécessaires à la réalisation de objectifs de la société. Les employés capables d’évoluer et de s’adapter au nouveau mode de fonctionnement de la société sont à privilégier. Cela est d’autant plus vrai que pour réussir une restructuration il vaut mieux prendre des mesures assez dures au début et faire ensuite marche arrière en réembauchant de nouveaux employés.
L’employeur doit faire des choix judicieux sur les compétences qu’il devra conserver et celles qu’il devra sacrifier. Il sera parfois plus intéressant de garder un collaborateur récemment recruté qui aura les compétences nécessaires et qui pourra lui être utile dans son projet et de se séparer d’un employé ayant une plus grande ancienneté mais moins de compétences. Néanmoins tout licenciement doit reposer sur une cause réelle et sérieuse, il faudra donc prendre soin de bien respecter la procédure du licenciement.
Ne pas faire d’annonce
L’employeur doit l’annoncer à ses salariés, c’est le point de départ du processus de changement. La restructuration est souvent perçue comme violente et inattendue par les salariés. De plus l’attachement des salariés à leur entreprise est parfois très fort, les informer d’un tel projet aussi tôt que possible est donc une forme de respect et de reconnaissance envers eux.
Cette information va également avoir pour rôle de guider les efforts de chacun et cela permet par la même occasion de réaliser une restructuration plus efficace. Par ailleurs, il faut aussi envisager l’hypothèse de l’apparition de résistance de la part des salariés, gérer le problème en amont est ainsi un moyen plus efficace d’y remédier.
Ne pas informer en externe
La dimension de cette étape dépend bien évidement de la renommée de l’entreprise, de son influence sur le marché (au niveau local ou national) ainsi de l’éventuelle présence de personnes influentes sur le territoire concerné.
L’employeur devra, en tenant compte de ces facteurs, prendre soin d’informer les journalistes, les politiques ainsi que les acteurs externes au projet qu’il envisage une restructuration.
Négliger la « communication de consolidation »
Bien que les salariés aient été informés dès le début de l’opération, il ne faut pas négliger l’importance de l’information en continu, on parle de communication de consolidation. C’est une question d’honnêteté et de respect de l’employeur envers ses employés. Le processus de restructuration est également difficile pour les salariés, d’autant plus lorsque des licenciements ont dû être opérés, les informer des avancées du projet aura pour effet les motiver et de les inciter à poursuivre leurs efforts au sein de l’entreprise. Les informations qui leurs sont transmises doivent porter tant sur les mesures qui les concerne que les autres.
L’employeur doit tenter de répondre aux interrogations légitimes de son personnel et ce, sans trop tarder (dans les 3 jours) afin de renforcer l’esprit de coopération.
Ne pas dédier de dispositif de prévention des risques psychosociaux
Au cours de la restructuration, l’entreprise passe par une étape de désintégration, c’est le moment où elle va devoir se détruire afin de laisser place à sa nouvelle forme. Bien qu’il faille en passer par là, la perte des repères peut générer chez les salariés des symptômes de stresse et d’anxiété, d’autant plus qu’ils ne voient pas encore les résultats de tout ce processus. Ces symptômes disparaîtrons chez les salariés ayant confiance dans le projet de restructuration ; pour ceux pour qui ce n’est pas le cas, des symptômes de dépression (tels que la perte d’intérêt, de sens et de but dans leur travail) peuvent apparaître.
C’est pour ces raisons que l’employeur ne doit pas négliger l’état psychosocial de son personnel et mettre en place de mesures concrètes.
Faiblir face à la situation de son entreprise
Le comportement du dirigeant au cours de la restructuration a également son importance. Il doit à la fois jouer un rôle de leader et montrer l’exemple. Culpabiliser devant la situation de son entreprise ne doit pas être une option, au contraire il doit savoir se montrer fort, garder la tête froide et prendre les décisions nécessaires. Il doit également montrer l’exemple et faire comprendre que tout le monde est concerné par la situation de l’entreprise.