Le 20 octobre 2021, le cours du bitcoin a battu son record en atteignant son point le plus haut, flirtant avec les 67.000$. La raison ? L’introduction le 19 octobre du premier fonds d’investissement côté en bourse (ETF, Exchange-Trade Fund) basé sur le cours du bitcoin à la bourse de New-York. L’autorisation accordée par la Securities and Exchange Commission (SEC), organisme de régulation des marchés financiers américain, est intervenue plus de huit ans après le dépôt première demande, en 2013.
Une ouverture américaine attendue
Les spéculations quant à l’approbation par l’autorité américaine du projet mené par ProShares, un des principaux fournisseurs d’ETF, étaient déjà à l’origine d’une envolée du cours du bitcoin la semaine dernière.
La législation américaine ne l’oblige pas à se prononcer formellement sur la demande, le silence gardé par l’autorité pendant plus de 75 jours valant approbation de la cotation du nouveau fonds. C’est ainsi que le feu vert avait été donné le vendredi 16 octobre, pour une entrée en bourse prévue le mardi suivant.
La principale évolution apportée par cette cotation est la possibilité donnée aux investisseurs institutionnels, comme les banques d’affaires, courtiers, gestionnaires de fonds, de pouvoir spéculer sur le bitcoin et non plus seulement les investisseurs particuliers.
En effet, la spécificité des fonds indiciels ETF, aussi appelés tracker, est d’être constitué d’une multitude de contrats à termes suivant la valeur du Bitcoin et sur lesquels les investisseurs placent leur argent. Ainsi, ces derniers ne misent pas directement sur le Bitcoin et peuvent à tout moment acheter ou revendre des parts du fonds, à l’inverse des fonds d’investissements traditionnels ayant des fenêtres d’entrée/sortie.
Autrement dit, les grands investisseurs pourront parier sur le Bitcoin sans en posséder réellement, ce qui élimine les difficultés autour du stockage des cryptomonnaies.
De nouvelles autorisations à venir
La décision de l’autorité américaine ne semble qu’être la première d’une longue série. En effet, d’autres gestionnaires de fonds comme Valkyrie Investments, Invesco et VanEck sont d’ores et déjà sur les rangs pour lancer leurs ETF basés sur le cours du Bitcoin. De plus en plus de fonds cotés en bourse répliquant le cours de cet actif devraient ainsi voir le jour.
L’ouverture donnée par la SEC ne peut que renforcer la confiance et la crédibilité de ce crypto-actif qui, grâce à ce véhicule d’investissement, pourrait « propulser le Bitcoin encore plus haut » selon les termes de CNN.
Toutefois, la SEC invite les investisseurs à faire preuve de prudence. Elle a en effet publié un tweet dans lequel elle les enjoint fortement à « peser les risques et les bénéfices » de leur mise. L’autorité a d’ailleurs partagé un communiqué dans lequel elle insiste sur l’aspect spéculatif et volatil du Bitcoin, considéré avant tout par la SEC comme un instrument de spéculation.
Un statut intermédiaire déjà présent en Europe et en France
Wall Street n’est pourtant pas la première place financière à proposer des instruments financiers en lien avec le Bitcoin. Certains étaient déjà présents en France et en Europe via le marché Euronext.
En effet, la fintech suisse 21Shares propose des paniers d’actions simplement indexées sur le cours du Bitcoin (ETP, produits indiciels cotés). De même, l’Autorité des marchés financiers française (AMF) a approuvé, en août dernier, un ETF porté par Melanion Capital et constitué d’actions de sociétés détenant elles-mêmes des Bitcoin et générant la majorité de leurs revenus dessus. Ainsi, par le biais de ces sociétés détentrices de Bitcoin, la valeur de la cryptomonnaie se voit alors plus ou moins directement répercutée sur la valeur des actions.
De part et d’autre de l’Atlantique, le principe demeure toujours le même : s’exposer plus ou moins directement aux évolutions du Bitcoin sans pour autant en détenir de manière propre.
Il n’en demeure pas moins que l’ouverture américaine constitue un grand pas vers une exposition bien plus directe des produits boursiers aux évolutions des monnaies virtuelles.